/Johnny/

Tu penses à la probabilité que Johnny Cash vienne s’asseoir à tes côtés, et que dans un murmure plus murmuré qu’un je t’aime enfoui, il te raconte une histoire. N’importe quoi, une histoire. Mince probabilité, un cartésien te dirait même que tu peux rêver. Oui tu sais que tu as le droit de rêver. Peut-être même qu’il ne s’agit pas d’un droit mais d’un devoir. Histoire de ne pas oublier de prendre soin des petits ruisseaux qui nous abreuvent. Et plus tu vieillis, et plus tu en veux à tous ceux qui considèrent le rêve comme un égarement. Tout est né de la poésie, et tout y retourne sans cesse. La politique, la chair, la passion, la science et le sacré. Tout se lie et se délie dans le déclin des astres et la flambée des aubes. Trace indélébile de l’enfance qui gronde. Antigone n’a pas fini de gratter la terre et toi de parler d’elle. Au bout d’une route, sur un sol jamais foulé. Johnny viendra à toi, et tu plongeras toute entière dans le revers de son manteau. Occupée à creuser dans tout ce qui peut résister à ce monde.