
Une cigarette se tait dans la fraîcheur qui vient. Par la fenêtre, le jour s’étale et vient napper ton corps d’un bleu flouté par la brume. Portant jusqu’à ton cou le murmure des mouettes, la nuit se retire drapée comme une reine dans un contrechamp sans son. Une cigarette se tait dans le vent chahuté par les voix retenues, par les mains camouflées, dans les plis des manteaux que l’amour a jeté sur toi. Frémissement d’une aube sur une herbe coupée, sous un tilleul en fleurs où tu es morte plusieurs fois avant de renaitre doucement, un peu comme un printemps qui cherche encore sa branche et disparaît chaque année dans le lit d’un glacier. Chahut d’un buisson où se cache ton âme, sauvage et délicate à la manière des ronces. Froissé sur ta poitrine, le secret d’une ivresse jamais apprivoisée et qui réveille en toi le chat que tu avais laissé dans un jardin en Corse, sur une pierre chaude. Navire en flamme à la surface des nuits.