/ Anyway /

Tu ouvres une fenêtre. La musique vient de loin. Sûrement d’un jardin dont le soleil dort. Tu as vendu tout ce qui t’appartenait. Jeté aux loups tous les objets. Ton appartement, tes livres, tous tes meubles. Tu as gardé une brosse à dent. Et cette robe / 1939 / le mariage de ta grand-mère. Tout ce qu’il reste de toi. Cette robe offerte par ta mère. Cette chose que la terre n’a pas encore absorbée. Toi non plus tu voudrais pas crever sans savoir si le soleil est froid . Sans savoir si les chiens noirs du Mexique dorment sans jamais rêver. Tu ouvres un cadeau qui ne t’était pas destiné dans un endroit où personne ne t’attend. Peut-être que quelqu’un l’a laissé là pour toi. Peut-être que quelqu’un quelque part veille sur les oiseaux du Nevada ou d’un grand désert blanc. Juste pour que tu puisses les apercevoir. L’été prochain tu partiras vers l’ouest. Tu danseras au milieu d’un cimetière sur une chanson de Beyoncé. Tu chanteras faux et très fort puisque tu chantes faux et très fort. Puis tu plongeras d’une falaise à Riomaggiore après avoir dormi sur une pierre chaude. Dans l’eau tu te perdras anyway tu glisseras vers un azur brillant.