
Traverser les secondes à la vitesse d’une tortue, pour seul objectif voyager jusqu’aux montagnes sauvages de Georgie. Suivre le sentier des êtres microscopiques. Traverser les plèvres, épingler les rêves à ta peau, peindre des nuits cobalt sur des jours sans sel. Danser quand tout s’éteint, avec ceux qui rallument la mèche, ceux qui font de la vie un territoire sans début et sans fin, âmes échappées du temps. Traverser les miroirs que les autres fabriquent en se trompant parfois d’épaisseur, et dont tu ne reconnais pas les reflets, traverser les mots, ceux qui attendent, derrière, que tu déposes enfin ce corps inachevé de l’enfance, ce corps que la vie a emporté sans que tu donnes ton accord, sans que tu signes de ton regard le temps d’après. Traverser les scènes, l’air de rien, juste passer. Traverser les pelouses, passer le ballon, et s’en aller. Traverser les granges aux lits si tranquilles. Traverser les serres, avaler les racines, les nourrir de ton eau. Traverser les maisons, les petits salons, longer les cheminées et arpenter les toits. Traverser l’histoire, la petite, la tienne, et la confier à la grande. Traverser les corps, retenir les voix. Traverser l’ouvrage, sans se presser, tout prendre. Et juste passer, sans faire de bruit.