/Pour Don’t/

Commande d’écriture pour « Don’t », sculpture réalisée par Rozenn Alapetite et Patrick Lamouroux / avril 2021

Quelque chose se passe.
Esquisse incandescente
Dans un ciel de givre.
Quelque chose se meut
Quelque chose de moite.
Quelque chose pris dans les filets de l’aube.
Tu te voies contourner la plage
Ses touristes et leurs cônes glacés. Une force venue des montagnes
Te mène à une dune percée de roches noires.
Ces vieilles pierres creuses,
Pleines de tes silences,
Ont poussé avec toi.
Quelque chose de l’hiver.
Quelque chose du vent. Quelque chose d’ouvert,
Orné de sel et d’ombres. Cachettes de fortune
Où l’eau dans ses fureurs
Vient te flanquer des claques.
Quelque chose d’épineux
Qui chemine, qui ronge
Vers de longs corridors Aux plafonds bleu et or.
Toute entière tu y plonges Condor d’or et d’ébène
Au plumage brillant.
Puis tu t’éveilles, neuve
Dans ces longs corridors
Qui mènent aux grandes joies,
Aux plaines baignées d’ambre.
Alors ton oeil accoste un rivage perdu
Où s’agitent tranquilles de vieux volets craqués Un savon oublié au bord d’un lavabo Et des sandales rouges déguisées en méduses,
Un vieux rhum assassin, des draps saisis de fièvre Par des corps impatients, des pays sans contours
Des soirées de guirlandes où l’amour t’a happée, Où tu as marché nue sur des braises écarlates. Quelque chose se meut
Dans ces grands corridors.
Quelque chose de plus bas que l’horizon,
Qui s’enroule et qui serre Tout autour de ton cou, Dentelles incandescentes. Quelque chose qui ressemble Au jardin ravagé de tes yeux Où s’élèvent parfois les fusils écarlates Des soirs de grandes larmes Où des morceaux de toi reposent Sans armure.